Andros

8 septembre 2020

ET SI LA GYNÉCOLOGIE EXISTAIT POUR LES HOMMES ?

Gynécologie : Discipline médicale qui a pour objet l’étude de l’appareil génital de la femme.

Celle.lui qui s’occupe de cela pour les hommes, c’est l'andrologue (qu'il est conseillé d'aller voir une fois par an à partir de 40 ans) ou bien le médecin généraliste. Autrement, pas d’examens de routines, pas de palpations de l’urètre. Rien de dit obligatoire, et surtout, rien de préventif.

Si un équivalent de ce qu’est la gynécologie existait pour les hommes, ou du moins pour l’appareil génital masculin, qu’est-ce que cela changerait d’un point de vue sociétal ? Cela aurait-il un impact sur la diminution des violences gynécologiques et obstétricales ? Cela remettrait-il en questions la démarche première d'une expertise médico-chirurgicale abusive autour du corps de la femme ? Trouverait-on alors des réponses adaptées aux problématiques souvent soulevées en terme de santé biologique féminine et masculine dans un aspect de prévention, et cela ouvrirait-il la porte à la redéfinition des genres pour tendre vers une vision moins binaire de nos rapports au corps et au monde ?

J’ai donné la parole à deux hommes pour lever le voile sur ces questionnements. Ces témoignages sont des expériences personnelles, ils m'ont été livrés par deux hommes cisgenres et hétérosexuels.

Témoignage de Benoit

AURAIS-TU AIMÉ LORS D’UNE PÉRIODE DE QUESTIONNEMENTS SUR TON APPAREIL GÉNITAL MASCULIN AVOIR UN INTERLOCUTEUR SPÉCIALISÉ SUR LA QUESTION ?

Avec le recul je me dis que oui, mais je pense que sur le coup (en pleine adolescence) la pudeur et la gène font que je n'aurais jamais osé faire la démarche d’aller poser des questions à quelqu’un sur ce qu’il y a de plus intime, et de plus préoccupant à cette période de la vie.

Mais j’ai l’impression qu’un garçon est un peu plus « livré à lui même » qu’une fille sur la découverte et le fonctionnement de son zizi. 

PENSES-TU QU’ÊTRE INITIÉ À LA PROBLÉMATIQUE DE LA CONTRACEPTION ET DU FONCTIONNEMENT REPRODUCTIF DÈS L’ADOLESCENCE LORS D’UN ÉCHANGE PERSONNALISÉ QUI Y EST DÉDIÉ TOUT COMME LE SONT LES JEUNES FILLES, SERAIT UN MOYEN D’INSTALLER UNE ÉQUITÉ DANS LE RAPPORT AUX CHOIX CONTRACEPTIFS ET SEXUELS D’UNE VIE DE COUPLE ?

Oui, clairement. Il y a un tabou ou une gène sur tout ce qui est contraception, rapports sexuels, fonctionnement des corps (sans aller jusqu’à un cours de pratique sexuelle à proprement parlé), savoir comment fonctionnent les 2 corps lors d’un rapport, la sensibilité, le besoin de lubrifier, etc…

Et pour la contraception aussi, il y a trop de gens qui « n’aiment pas la capote » et qui à priori n’ont pas bien capté les risques. Je pense que globalement on n’est mis au courant un peu frileusement, peut-être sans suffisamment d’informations claires et concrètes. Et en même temps, quand un intervenant vient en 4ème ou en 3ème nous expliquer le sexe, la pilule, ou les règles, on est tous trop gênés pour prendre le truc sérieusement et en profiter pour poser des questions.

On a trop peur du regard des autres à ce moment de notre vie, surtout là-dessus. Poser une question serait reconnaître qu’on ne sait pas, et ça ce n’est pas possible…

Alors finalement, pour repartir sur la première question, des entretiens privés à notre demande seraient probablement mieux qu’une information massive et impersonnelle, sans, je pense, grand impact au final.

T’ES-TU DÉJÀ DEMANDÉ POURQUOI LES FEMMES AVAIENT AUTANT D’EXAMENS DE ROUTINES CHEZ UN GYNÉCOLOGUE ?

Non, mais je me suis toujours dit que l’appareil féminin était plus complexe que l’appareil masculin, et que tout se passant à l’intérieur, il y avait besoin d’un suivi plus poussé que pour les hommes, qui pouvons (à priori) nous rendre compte quand quelque chose cloche.

T’ES-TU DÉJÀ INTÉRESSÉ AU DÉROULÉ D’UN EXAMEN GYNÉCOLOGIQUE ?

Pas dans les détails. J’ai entendu comme tout le monde parler de speculum, étriers, frottis… et je sais que ce sont des rendez vous bien relous pour les nanas, parfois humiliants, angoissants, désagréables mais essentiels.

Il y a un côté mystérieux, un peu barbare. Mais savoir exactement ce qu’on y fait, ce qu’on vérifie, ce qu’on regarde, je pense que c’est naturellement des choses que les femmes préfèrent garder pour elles, déjà parce que c’est pas forcément une joie de parler de ça au petit-déjeuner, et puis peut être aussi pour garder une certaine magie autour de tout cet appareil, ne pas le réduire dans une conversation à quelque chose de purement anatomique avec ses bactéries, microbes, potentielles infections, etc…

De même que si les hommes devaient régulièrement faire examiner leurs pénis, on n’en parlerait pas forcément genre : « Tout va bien chérie, j’ai aucun bouton sur le gland ni grosseur aux testicules »…

EN TANT QUE PAPA, SENS-TU QUE TU AS EU DES LACUNES À COMPRENDRE CERTAINES CHOSES LORS DE LA GROSSESSE DE TA FEMME ?

Alors certaines lacunes à comprendre, non parce que je posais 1000 questions. En revanche une mauvaise connaissance de base, ça c’est évident.

La fécondation et la reproduction on en parle au collège en biologie, et après je n’en ai pas réentendu parler (Bon j’ai fait une filière littéraire aussi, alors les sciences je les fuyais). Mais je me suis rendu compte que je ne connaissais quasiment rien, j’avais peur de « toucher » le bébé pendant un rapport, je ne savais pas exactement où il se plaçait dans le « ventre », comment il faisait pour respirer puisqu’il passe 9 mois dans un liquide, etc…

Les trucs de base, qui peuvent paraitre débiles, mais tout ça c’est tellement complexe et une grossesse est toujours différente d’une femme à l’autre, que je me dis qu’un souci peut arriver n’importe où, n’importe quand, donc n’y connaissant rien, je posais toutes les questions qui me venaient même les plus stupides à priori.

Et on m’a toujours tout très bien expliqué. Même Laura était quelquefois surprise de mes questions...

PENSES-TU QUE LA SCIENCE DU SYSTÈME REPRODUCTIF SE DEVRAIT D’ÊTRE ABORDÉE EN PROFONDEURS POUR LES DEUX PARTIES RESPONSABLES D’UNE CONCEPTION ?

En « profondeur » oui et non… Comment cela fonctionne, quels sont les éventuels risques, et surtout comment l’homme peut s’impliquer et aider au maximum, oui.

Les hommes aujourd’hui ont en grande partie évolué je pense, ils s’impliquent plus, sont de plus en plus curieux pour ne pas être à l’ouest sur toutes ces choses. La sacralisation de la femme et de son fonctionnement s’évanouit un peu, et on ne considère plus les hommes comme de simples géniteurs.

Ensuite, et ça n’engage sûrement que moi, il y a des choses qui peuvent ne se dire « qu’entre femmes » (les pertes, éventuelles fuites de différents fluides, etc…) sans pour autant que ça en fasse des choses sales ou honteuses. De même quand pendant une indigestion on ne va pas aller faire le détail de ce qu’il se passe aux toilettes… Ça vaut pour les femmes aussi, il y a un tas de choses qu’un homme ne partagera pas non plus… Ça fait partie des rapports humains implicites.

Témoignage de Christopher

AURAIS-TU AIMÉ LORS D’UNE PÉRIODE DE QUESTIONNEMENTS SUR TON APPAREIL GÉNITAL MASCULIN AVOIR UN INTERLOCUTEUR SPÉCIALISÉ SUR LA QUESTION ?

Oui, parce que mis à part les sessions d’une après-midi au collège sur la sexualité où on survole grossièrement le sujet en SVT et ce à quoi ça corresponds, on ne nous apprends pas à savoir ce qu’il en retourne et à en prendre pleinement conscience.

Pas juste physiquement, de savoir aussi psychologiquement ce que ça implique, de connaitre les différences physiques entre tous les hommes, que ça ne joue en rien sur la masculinité, sur une question de pouvoir, de dominance ou de force.

L’appareil est externe, visible, et donc tout le monde pense que c’est évident. Mais ce n’est pas le cas, je pense que c’est plus subtil que ça. Que ce soit dans la gestion de l’instrument mécanique en tant que tel et son appréciation, parce qu’il faut déjà l’apprécier, il y a pleins de gens qui ne l’aiment pas… Qui le trouvent moche, etc… Et d’un point de vue externe on va parfois avoir des réflexions qui sont blessantes, donc d’arriver à avoir quelqu’un avec qui en parler et qui nous dise que oui, plusieurs formes existent, oui, plusieurs tailles existent, plusieurs couleurs, plusieurs sensations, qu’il n’y a rien de grave, que tout est propre, que tout est correct, et ok.

On ne nous apprends pas à l’apprivoiser, et on a personne ensuite, dans la vie de tous les jours avec qui en parler, si on a un souci, un bouton, une mycose, un écoulement bizarre, tu ne sais pas trop, tu vas voir ton généraliste, mais bon, c’est un généraliste…

C’est malaisant aussi parce qu’on est pas habitués à ça. De votre côté je pense que c’est différent, ça peut être malaisant aussi, notamment au début, peut-être d’ailleurs tout le reste de votre vie, mais c’est comme une sorte de bien-être quotidien, vous savez qu’il faut en prendre soin, que c’est important, et puis c’est caché, je ne vois pas si il y a quelque chose à l’intérieur qui ne va pas. Enfin voilà, nous comme c’est visible, on l’expulse de la discussion.

C’est pas simple. J’aurais aimé avoir quelqu’un plus jeune qui m’explique ce que cela implique de pénétrer quelqu’un, et au delà de la sensation physique, ce que ça peut signifier psychologiquement pour moi, pour quelqu’un, comment la personne le vit, comme je le vis, et si ça se passe mal, si l’on me dit il est « trop petit », où il est « trop gros », « je n'aime pas son odeur », « je n'aime pas son goût », qu’est-ce qu’il se passe à ce moment-là…

Je pense qu’on en a autant besoin que vous, et que ça éviterait certains abus, et peut-être certaines déficiences psychologiques que l’on peut avoir après face à ca dans la vie. Parce que j’ai l’impression que dans notre société, on ne réduit les hommes qu’à leur sexe. Tout ce qui fait de nous un homme c’est censé être ça. C’est parfois très compliqué, je pense à ceux qui ont par exemple des formes atypiques, ou des déformations.

Si on rencontre une femme dont on est le premier, on va avoir une sorte de responsabilité qu’on ne sait pas trop gérer, qu’on ne comprends d’ailleurs sûrement pas vraiment. Tu te remets toujours en question, tu te compares beaucoup, et tu veux en parler à qui ? À ton psy ? Ce n’est pas que psychologique, c’est aussi physique, c’est un besoin d’être rassuré sur l’instrument en soi, comprendre ce que cela signifie d’être « dans la norme », ou « hors-normes »…

De quelle façon j’apprends à l’aimer, à m’en servir, comment je l’apprivoise, qu’est-ce qui va faire plaisir à ma partenaire, pourquoi ça ne va pas lui faire plaisir, ou à moi. Les sensations ne sont pas les mêmes. Ça tu l’apprends petit à petit avec des femmes qui prennent le temps de t’expliquer, mais c’est pas leurs rôles. C’est bien dans un couple d’avoir cet échange là, mais ça ne devrait pas être à elles de nous l’apprendre.

T’en parles avec tes potes, mais il y a une notion de pudeur ou de fierté, d’orgueil peut-être même. Effectivement, il faudrait en parler avec un interlocuteur dédié à ça, qui n’a pas d’impact sur ta vie quotidienne, que tu ne vas pas recroiser tous les jours, à qui tu peux te confier sans avoir peur des « retombées » éventuelles…

En fait avec toutes ces notions que l’on créé, par ignorance quelque part, qu’il faut toujours être « le plus fort », « le plus musclé », « la plus grosse bite », etc… Tu ne t’en sors pas, parce que tu seras toujours plus que quelqu’un et moins qu’un autre, que selon tes partenaires ça fonctionnera ou ne fonctionnera pas, et ça ne veut pas dire que c’est de ta faute.

C’est le syndrome des vestiaires, si on te fait une réflexion une fois, c’est fini, ça te poursuis, tu portes ce complexe. Ça peut vite devenir un enfer de « virilité ».

Les hommes qui ont des micro-pénis sont ils moins masculins qu’un homme qui a un pénis de 24cm ? Où est le rapport en fait ? C’est comme faire du 90D ou A, ça n’a aucun rapport avec la féminité de la femme. Même dans l’acte sexuel, on réduit le plaisir masculin à une mécanique. C’est une pompe, certes. Donc « j’ai éjaculé, j’ai joui », en fait non, pour ma part, j’ai éjaculé pleins de fois sans jouir. On voit souvent l’éjaculation comme une fin en soi. Mais c’est faux. Le fait d’éjaculer, c’est fait pour procréer, pas pour prendre du plaisir.

PENSES-TU QU’ÊTRE INITIÉ À LA PROBLÉMATIQUE DE LA CONTRACEPTION ET DU FONCTIONNEMENT REPRODUCTIF DÈS L’ADOLESCENCE LORS D’UN ÉCHANGE PERSONNALISÉ QUI Y EST DÉDIÉ TOUT COMME LE SONT LES JEUNES FILLES SERAIT UN MOYEN D’INSTALLER UNE ÉQUITÉ DANS LE RAPPORT AUX CHOIX CONTRACEPTIFS ET SEXUELS D’UNE VIE DE COUPLE ?

C’est clair que si tu ne te renseignes pas, tu ne sais pas ce qui existe, appart le préservatif et la pilule, ainsi que le stérilet qui est devenu plus « commun ».

Personnellement j’ai appris qu’il y avait des éponges spermicides, il y a 3 ou 4 ans. Certes, ce n’est pas forcément le plus fiable. Mais rien que le fait de le savoir. J’adorerais qu’il y ait une pilule pour les garçons, je ne dis pas que c’est la solution, parce que ce sont encore des hormones, et je ne dis même pas que je la prendrais, mais le choix n’existe pas.

Que tout le monde prenne la pilule, ou que personne ne la prenne, il faut mettre au courant de ce qui existe. C’est un réflexe de donner la pilule aux femmes, alors qu’il en existerait peut-être une pour les hommes, et pourquoi on ne la propose pas aux hommes ? Pourquoi elle et pas moi ? Il n’y a même pas de réponse valable, ça n’a pas de sens.

J’ai eu la chance avec ma partenaire de beaucoup en parler, et de faire des recherches pour trouver une solution qui nous convenait à tous les deux. Mais il y a pleins de choses auxquelles on ne réfléchit même pas en tant qu’hommes, car c’est inscrit depuis des dizaines et des dizaines d’années. Et puisqu’on fait passer tout cela pour la norme, la première question qui te vient quand tu couches avec une fille et que la capote a craqué, c’est « Tu prends la pilule? ».

C’est autant la responsabilité de la femme que de l’homme en matière de préservatifs. Ce devrait être la même chose pour la pilule. Ou tout autres formes de contraceptions.

Notre seul autre solution en tant que mecs, c’est la stérilisation, un peu radical non ? Il faudrait aussi éduquer sur les formes de contraceptions dites « naturelles », la symptothermie, les indices combinés, etc… Mais tout le monde n’est pas prêt à adopter ces méthodes, on peut les trouver contraignantes. Ce n’est pas donné à tout le monde de s’y intéresser.

J’aimerais aussi qu’en tant que mecs on nous apprenne à connaitre le corps féminin, et à comprendre ce qui se joue physiquement. On étudie, la bouche, les dents, les cordes vocales, les mains, pourquoi est-ce qu’on n’étudierait pas l’appareil génital de la même manière ?

T’ES-TU DÉJÀ DEMANDÉ POURQUOI LES FEMMES AVAIENT AUTANT D’EXAMENS DE ROUTINES CHEZ UN GYNÉCOLOGUE ?

Alors non, mais j’ai l’impression qu’il y a beaucoup plus de sensibilisation autour du corps de la femme, ses maladies, les complications possibles, etc… ces dernières années.

Je me suis toujours dis que c’était comme une visite chez l’ophtalmo, que tu y allais pour vérifier que tout se passe bien pour cet instrument là aussi, car il fait partie de ton corps. Sans comprendre forcément toutes les raisons, ou ce qu’il se passait lors d’une séance.

T’ES-TU DÉJÀ INTÉRESSÉ AU DÉROULÉ D’UN EXAMEN GYNÉCOLOGIQUE ?

Un jour j’ai accompagné ma compagne chez le gynécologue. Et j’ai demandé si je pouvais rester dans la salle, si ça ne dérangeait pas. Ça m’intriguais en effet, de voir comment cela se passe, ou ce que vous viviez à ce moment-là.

J’ai trouvé ça assez brutal, et la gynécologue en question était pourtant plutôt douce… je pense que ça peut être très traumatique en fonction de sur qui tu tombes. Un homme ou une femme, parce que ça ne veut rien dire, il y a des abus partout.

Mais ça me frustre de ne pas avoir les mêmes sortes d’examens, c’est à dire que si demain j’ai un cancer des testicules, je le découvrirais quand c’est trop tard… Je peux pas aller voir mon ophtalmo de la queue pour vérifier si ma vue a baissé ou pas… Si je vais faire un examen, on va me demander « Vous sentez quelque chose ? Non, et bien revenez quand vous sentirez quelque chose… », j’aimerais bien savoir avant de sentir quelque chose.

C’est ma décision et ma liberté de savoir, un médecin n’a pas à penser pour moi. Je ne comprends pas qu’un médecin puissent dire non à ce genre de demandes, et qu’on nous refuse l’accès à ces informations.

C’est comme si je faisais un examen, et qu’on m’empêchait d’avoir la réponse avant mes 35 ans : « Ah bah non, avant 35 ans, ça va vous gâcher la vie si vous connaissez la réponse… ». Ce n’est pas quand tu finis en phase terminale du VIH (j’utilise cet exemple pour montrer à quel point c’est choquant) et qu’on te dis « Bah vous êtes en phase terminale, ça fait 50 ans que vous avez contracté la maladie, vous vous attendiez à quoi? » que tu vas leur répondre « Bah j’aurais aimé le savoir il y a 50 ans quand je vous ai demandé… ». C’est débile ce truc.

Dépister une maladie qui pourrait rendre stérile avec le temps, ça pourrait sauver des couples, soigner la vision de tout à chacun sur l’envie d’avoir des enfants ou non, l’implication et l’honnêteté qui en découle.

Merci à eux pour ces échanges précieux.

Il y a quelques années, j'ai découvert la pièce "Spéculum" à la Manufacture des Abbesses. Il m'importait de partager avec vous cet extrait de la pièce : une satyre d’un rendez-vous gynécologique abusif si le patient était un homme :

L’ANDROLOGUE

Vous avez une inflammation de la prostate et une belle grappe d’hémorroïdes, je vais vous prescrire des gélules et une petite crème, vous n’aurez qu’à demander à votre femme de vous l’appliquer. Elle va adorer. Pas de rapport pendant 15 jours. On va se revoir dans six mois, vous prendrez rendez-vous avec mon secrétaire, et d’ici là faites-moi plaisir, vous allez me perdre cette petite bedaine.

L'éducation intime demande à mon sens une déconstruction profonde et d'être revisité dans le fond et la forme.

Voici quelques ouvrages pour accompagner une réhabilitation essentielle et universelle autour du bien-être gynécologique :

Le témoignage de Christopher fait écho à un autre niveau pour moi, lors de la soirée de clôture WE ARE GINA qui a eu lieu en 2019, une gynécologue a présenté un cours de SVT basique sur l'appareil génital féminin.

Lorsqu’est venu le moment de poser des questions, je me suis exprimé. Ma mère est atteinte d’endométriose. Au cours de mes études, j'ai appris que cette pathologie pouvait être génétique et donc se transmettre. Je n'étais alors pas encore diagnostiquée moi-même. J'ai demandé à cette gynécologue si il était judicieux de me faire passer des examens pour établir un diagnostic, si je n'avais pas d'inconforts incapacitants au quotidien, mais des douleurs menstruelles extrêmement importantes, que je rétablissais avec le temps de par ma propre expertise, mais qui soulevaient en moi des questionnements et craintes qui n'étaient pas sans fondements.

On m’a répondu que si les symptômes n'étaient pas perturbants de manière quotidienne, poser un diagnostic de cette maladie serait d'avantage une complication que d'une utilité réelle.

Seulement, si l’on avait diagnostiqué l'endométriose à ma mère avant que son diagnostic d'infertilité ne soit prononcé, de nombreuses années après l'installation de la maladie, et qu'elle n'ait eu recours au processus de FIV pour tomber enceinte, peut-être que toute sa démarche aurait été moins longue et périlleuse et ce dès le départ. Bien évidemment il ne s'agit que d'une assomption, mais je m'estime en droit de la faire ayant été finalement moi-même diagnostiquée quelques mois plus tard, après deux épisodes de crises douloureuses m'ayant amenées en urgence à l'hôpital.

Je suis intimement persuadée que c’est en permettant aux femmes d’apprendre à connaitre leurs corps de manière holistique, et en les accompagnant pour les aider à identifier toutes leurs options à travers un suivi individuel respectueux des souhaits et des questionnements de tout à chacune, que la médecine qui entoure le corps des femmes évoluera.

Il s’agit évidemment aussi d’une prise de conscience politique, et sociétale, pour tendre vers une équité des charges et un partage de connaissances qui fasse sens.

Je ne veux plus me retrouver confronter à l’ignorance, ou aux remarques tendancieuses et/ou ancrées dans le jugement de l'autre. À la retenue d’informations. Aux recherches non concluantes mises sur le marché.

J’espère, à mon échelle, et à travers mes pratiques, participer à l’émergence d’un nouveau rapport à soi et au monde.

Et je vous encourage à vous sentir libres de demander un second avis dans une situation où vous ne vous sentez pas complètement alignée, de vous orienter vers quelqu'un de compétent, ou de spécialisé.

À poser toutes les questions qui vous semblent appropriées, et même celles qui ne le semblent pas, à questionner les réponses que l'on vous donne, et à récupérer votre propre responsabilité, votre propre pouvoir.

Tendrement,

Megan

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